L’annonce récente par J. K. Rowling du lancement du site Pottermore relance la question du futur de l’industrie de l’édition, chamboulée par le développement d’Internet. Plus particulièrement c’est le domaine des romans et autres nouvelles qui est le plus intéressant. Si les magazines et les journaux ont relativement bien pris le tournant du numérique avec par exemple la très bonne application Ipad du magazine Nature ou les nombreuses applications pour smartphones des grand journaux (Le Monde et cie…) et que personne ne doute que les livres électroniques vont prendre une importance grandissante grâce aux nombreuses liseuses disponible, Kindle d’Amazon en tête, c’est plutôt le cœur du métier d’éditeur qui est remis en cause.
Avec les ebooks, il devient très aisé pour le romancier amateur comme pour le professionnel aguerri de transformer son manuscrit informatique en ebook « prêt à la vente » sortant ainsi du circuit classique de l’édition. C’est là que l’auteure des aventures de Harry Potter frappe un grand coup en lançant son site où elle rendra disponible en Octobre 2011 les versions numériques de ses livres qui sont annoncés comme pour tout supports. Outrepassant ainsi ses éditeurs dans les différents pays du monde, J. K .Rowling entend se réapproprier la marge importante que récupère l’éditeur pour chaque œuvre qu’il publie.
Le coût négligeable pour des vendeurs d’ebooks tels Amazon de mettre en vente un livre numérique fait que l’on va probablement voir évoluer le marché vers une plus forte quantité d’auto-publications par leurs auteurs. Et c’est là que le manque d’éditeurs va se faire ressentir le plus. Si les éditeurs prennent une commission importante des ventes ils n’en effectuent pas moins un travail important. Que ce soit en rejetant directement les mauvais manuscrits, en apportant des commentaires à l’auteur pour améliorer son manuscrit ou tout simplement en créant des collections afin que les lecteurs puissent facilement trouver des livres qui leur conviennent…
Néanmoins les nouvelles technologies et le recours au crowdsourcing apportent des réponses à ces questions. Rien qu’au niveau grammatical et orthographique, un bon traitement de texte actuel laisse passer infiniment moins de fautes que ne le faisait l’antique machine à écrire. Quant au travail de sélection de qualité des ouvrages, on voit déjà comment des systèmes de notes et de commentaires permettent de faire émerger les nouveaux talents. Jusqu’au rôle du libraire s‘en trouve chamboulé : achetez un livre et Amazon vous en proposera 10 autres correspondant à vos goûts.
Quel avenir donc pour le secteur de l’édition quand le nouveau talent littéraire du Net pourra directement vendre son livre voire, si l’envie l’en prend, le faire imprimer directement pour ceux n’ayant pas (encore) franchi le pas du livre numérique ?
Le parallèle avec l’industrie musicale pour laquelle le support physique sous forme du CD a lui aussi été ringardisé est frappant et laisse à penser qu’il ne faudra pas longtemps avant que le monde de l’édition sous sa forme actuelle soit contraint d’évoluer. Que reste-t-il donc aux éditeurs pour garder leurs écrivains actuels et en faire venir d’autres lorsqu’ils proposent un marché moins avantageux financièrement aux auteurs ? Plusieurs choses ! L’édition actuelle n’est pas encore enterrée même dans ce monde interconnecté. Tout d’abord être publié par un éditeur et qui plus est un éditeur reconnu est un gage de qualité de son ouvrage qui confère un avantage certain au romancier débutant par rapport a un lancement indépendant sur Internet. De plus des lors qu’il s’agit de toucher le marché physique (Fnac, Libraires, grandes surfaces…) les éditeurs bénéficient de leur réseau établi. Ils peuvent également plus facilement organiser la promotion de l’ouvrage. Quant à garder leurs auteurs établis qui eux, disposant déjà de leur public, seraient susceptibles de se laisser tenter par une rémunération accrue il existe un moyen simple, les avances sur des ouvrages non encore terminés (voir pas commencés…)
Les écrivains ayant un coût infiniment moindre de production de leurs œuvres que les musiciens et leur coûteux studio d’enregistrement, seront-ils les premiers à passer massivement à un nouveau modèle économique délaissant ces onéreux « intermédiaires » que sont les éditeurs ? La prolifération de services de tirage de livre et l’ascension fulgurante des liseuses électroniques le laisse à penser. Il faudra donc rapidement que le monde de l’édition s’adapte et évolue pour éviter l’extinction…
juillet 29th, 2011 at 20 h 45 min
Les maisons d’édition ont encore quelques années devant elles avant de créer leurs propres plateformes de distribution d’ebooks, ou elles passeront définitivement à la trappe. La seule façon de continuer à exister est de continuer à générer de la valeur ajoutée à travers la recherche, la sélection, et la mise en avant d’auteurs, et l’édition de livres spéciaux (recueils, albums etc.). L’exemple de l’industrie du disque est très intéressant, et montre à quel point ces maisons d’éditiion sont en danger, mais ça, elles le savent déjà…