NOTE to our english-speaking readers, the english version of this interview is available here
Aujourd’hui Economie Nouvelle accueille Jeff Lynn, le CEO de Seedrs qui répond à nos questions sur le JOBS Act américain et son développement international.
Economie Nouvelle: Bonjour Jeff, tout d’abord félicitations pour votre victoire au concours de startup du London Web Summit ! Peux-tu nous présenter ton entreprise en quelques mots ?
Jeff Lynn: Merci, gagner au London Web Summit était vraiment fantastique et une surprise appréciée !
Seedrs est une plateforme permettant d’investir dans des startups. Nous permettons aux investisseurs d’investir entre £10 et £100 000 dans des startups qu’ils choisissent au travers d’un processus en ligne simple, et nous permettons aux startups de lever jusqu’à £100 000 de capital en fonds propres de manière transparente de la part de leur famille, leurs amis et des internautes.
Economie Nouvelle: Donc votre but est de fournir aux entrepreneurs qui débutent ces fonds initiaux qui sont si difficiles à obtenir. Cependant, certains disent que ces entrepreneurs recherchent plus que du cash chez un business angel et que le rôle de mentor qu’ils peuvent jouer ainsi que leur réseau est aussi important. Que penses-tu de cela et comment Seedrs y répond-il ?
Jeff Lynn: Le mentorat et le soutien sont des éléments vitaux, et je pense que Seedrs fournit le meilleur type de mentorat et de soutien que l’on peut avoir: un accès à un ensemble vaste et varié d’investisseurs qui ont démontré leur envie d’aider la startup. Il y a une sorte d’adage qui veut qu’un business angel solitaire aux cheveux gris est là pour apporter à une startup tous les conseils dont elle a besoin, mais je pense que la plupart des entreprises, en particulier lorsqu’elles débutent, préféreraient être capables de se retourner vers un réseau de gens pour les aider avec les problèmes spécifiques qu’elles rencontrent lors de leur développement.
Les startups qui lèvent du capital via notre plateforme peuvent contacter des centaines de personnes qui ont investit dans leur projet et leur demander « Est-ce que quelqu’un connaît un bon comptable ? », « Comment puis-je résoudre tel ou tel problème de programmation ? » ou bien même « Comment puis-je être présenté à tel ou tel fond de capital risque pour ma prochaine levée de fonds ? » une ou plusieurs personnes parmi la foule des investisseurs sauront probablement répondre de manière utile ou faire des présentations.
Economie Nouvelle: Vous vous êtes lancé au Royaume-Uni, mais la semaine dernière, les Etats-Unis ont voté une nouvelle loi, le “JOBS Act” qui autorise le crowdfunding pour les “emerging growth companies”, c’est à dire les startups. Quand nous verrons vous aux USA ?
Jeff Lynn: Nous allons étudier en détail la version du JOBS act qui a été votée, et en particulier celle qui sera édictée par la Securities and Exchange Commission (SEC) [NDLR : l’équivalent de l’AMF aux USA] après ce passage avant de prendre une décision concernant notre entrée sur le marché américain.
Actuellement, nous sommes inquiets car la loi qui a été votée ne garantit que trop peu de régulation et nous n’avons aucune envie d’entrer sur un marché où les investisseurs ne reçoivent pas la protection adéquate. Cela peut changer cependant en fonction des réglementations que la SEC va édicter.
Economie Nouvelle: Toujours à propos du JOBS ACT, que penses-tu des mesures de sauvegardes qui ont été ajoutées par le congrès et en particulier celle limitant à 2 000$ la part par investisseur lorsqu’une startup lève moins de 100 000$ ?
Jeff Lynn: Je pense que de nombreuses manières, le Congrès s’est concentré sur les mauvaises choses lorsqu’il essayait de mettre en place des mesures de sauvegardes. La limite sur les montants investits est pertinente mais est loin d’être aussi pertinente que de s’assurer que les plateformes
- sont soumises à une supervision adéquate, et
- puissent fournir le soutien et le contrôle aux investisseurs après que l’investissement a eu lieu.
Je doute que le JOBS ACT couvre proprement le point 1) et il ne couvre absolument pas le point 2) Et ces deux points sont éminemment plus importants pour que le crowdfunding puisse marcher que de mettre des limites au montant investit.
Economie Nouvelle: Quid de votre développement dans le reste du monde ? Et en particulier en France et en Europe ?
Jeff Lynn: Nous tenons beaucoup à nous développer en Europe et nous démarrerons ce processus dès que possible après notre lancement. Nous sommes très excités par l’activité entrepreneuriale et l’atmosphère qui grandit en Europe, et nous voyons la France comme un des marchés les plus prometteurs en Europe. J’ajouterais, qu’en tant qu’entreprise nous sommes très paneuropéens dans nos opérations et notre manière de penser : Notre équipe de développement est basée à Lisbonne, et notre équipe business à Londres. Nos directeurs et nos investisseurs viennent de Suède, Luxembourg, Italie, Suisse et de nombreux autres pays européens.
Economie Nouvelle: Les gens semblent très enthousiastes à l’idée d’investir dans des startups, mais ils peuvent être inquiets des aspects de due dilligence. Outre la due dilligence légale que fait Seedrs quand des gens investissent, que faites-vous pour aider les gens à faire les choix les plus intelligents ?
Jeff Lynn: Notre approche est de s’assurer que tout ce que divulguent les startups, c’est-à-dire toutes les informations à partir desquelles les investisseurs basent leurs décisions d’investissement soient claires, justes et ne soient pas fallacieuses. Mais nous ne conseillons pas les investisseurs sur comment placer leur capital.
Notre vue sur le sujet est que pour des entreprises à un niveau très précoce de leur développement, la sagesse de la foule est la meilleure due dilligence commerciale : si 200 ou 300 personnes votent avec leur carnet de chèques pour dire qu’une entreprise représente une bonne idée, alors il y a un marché certain pour elle et, c’est peut-être le plus important, le background de l’équipe de la startup fait d’eux les plus à même de monter leur business et apporter cette idée au marché. Cela représente une conviction forte qui est bien plus pertinente que l’opinion de quelques managers professionnels. Cela étant dit, il s’agit quand même d’investissements autonomes, et si les investisseurs ne se sentent pas assez confiants pour prendre leurs propres décisions d’investissement, alors nous ne sommes probablement pas la plateforme qui leur est adaptée.
Economie Nouvelle: Allez-vous offrir l’opportunité aux gens de continuer à investir dans les levées des fonds ultérieures des startups lorsqu’elles se développent ou seront-ils dilués ?
Jeff Lynn: Les investisseurs pourront continuer à investir s’ils le souhaitent.
Economie Nouvelle: Merci Jeff et bonne chance pour la suite !